Selon une source proche de l'enquête, Dourov aurait souligné ses liens avec le chef de l'Etat français lors de son interrogatoire.
Macron a également défendu la décision de la France en 2021 d'accorder à Durov la nationalité française dans le cadre d'une procédure rare pour des personnalités de premier plan.
« Cela fait partie d'une stratégie pour permettre aux femmes et aux hommes, qu'ils soient artistes, sportifs ou entrepreneurs, lorsqu'ils font l'effort d'apprendre la langue française et qu'ils développent de la richesse, de l'innovation… d'obtenir la nationalité française », a déclaré M. Macron.
Avant son arrivée samedi, Dourov n'avait pas connaissance du mandat d'arrêt qui l'attendait en France, a indiqué jeudi une source au parquet de Paris.
Certains commentateurs ont émis l'hypothèse que Durov devait avoir connaissance du mandat d'arrêt, ce qui soulève des questions sur les raisons pour lesquelles il n'est pas resté loin de la France.
« Il est venu délibérément en France où il savait qu'il serait arrêté. Pourquoi ? », a écrit Gérard Araud, ancien ambassadeur de France aux États-Unis, sur X.
Ni Macron ni le ministère français des Affaires étrangères n'ont été informés à l'avance du projet d'arrestation de Durov, a déclaré la source au parquet de Paris.
La source a ajouté que l'enquête française sur Durov n'a aucun lien avec les États-Unis.
Le Kremlin a déclaré jeudi que les poursuites contre Durov, dont l'application compte près d'un milliard d'utilisateurs, ne devraient pas se transformer en « persécution politique ».
Dourov a été libéré sous caution à condition de payer 5 millions d'euros et de ne pas quitter le territoire français. Il devra se présenter deux fois par semaine à la police et être présent à son domicile à des heures précises, a précisé une source judiciaire.
L'arrestation de Durov est une première pour le PDG d'une grande plateforme de messagerie, alors que les tensions s'intensifient entre les gouvernements et les géants des réseaux sociaux. Mais ce n'est pas la première fois que Telegram a des ennuis avec la police et les autorités judiciaires.
En 2022, le juge de la Cour suprême du Brésil, Alexandre de Moraes, a temporairement suspendu Telegram au Brésil, affirmant que l'application avait refusé à plusieurs reprises de se conformer aux ordres judiciaires.
À l’époque, Durov avait imputé les manquements à des problèmes de courrier électronique et s’était excusé. Il s’était dit confiant que Telegram serait bientôt en mesure de « traiter efficacement les demandes de retrait de chaînes publiques illégales au Brésil ».
Dans la dernière bataille du Brésil contre les impresarios de la technologie, Moraes a ordonné mercredi au milliardaire Elon Musk, qui a critiqué l'arrestation de Durov par la France, de nommer un représentant légal pour sa plateforme de messagerie X au Brésil dans les 24 heures, sous peine de voir le site suspendu dans le pays.
En Grande-Bretagne, une nouvelle loi sur la sécurité en ligne a introduit la menace de sanctions pénales pour les cadres supérieurs qui ne se conforment pas aux avis d'exécution de l'Ofcom, le régulateur des médias.
Reportage complémentaire de l'Agence France-Presse