Selon Gallup, la confiance du public dans la Cour suprême a chuté à 43 %, un contraste frappant avec le taux d’approbation de 62 % à l’aube du millénaire.
Dans ce contexte, les propositions de Biden pour réformer la Cour suprême sont non seulement raisonnables mais nécessaires. L’idée de limiter la durée du mandat des juges est une réforme dont le temps est venu. Aujourd’hui, un mandat à vie peut signifier des décennies d’influence par un seul individu, souvent bien longtemps après que le consensus social a changé.
De même, un code de conduite contraignant pour les juges permettrait de remédier aux manquements flagrants à l’éthique qui ternissent de plus en plus la réputation de la Cour. Contrairement aux juges des tribunaux inférieurs liés par un code de déontologie, les juges de la Cour suprême fonctionnent pour l’essentiel sans contraintes éthiques formelles.
La réforme proposée par Biden visant à refuser l’immunité pour les crimes commis par un ancien président pendant son mandat est une réaffirmation nécessaire du principe selon lequel le président n’est pas un roi au-dessus des lois.
Mais soyons clairs : ces réformes ont peu de chances d'être adoptées. Les républicains, qui bénéficient de la majorité conservatrice de la Cour, ne sont pas pressés de modifier le statu quo. Pourtant, la nécessité de ces réformes demeure. La confiance dans les pouvoirs exécutif et législatif est déjà terriblement faible.
Un pourcentage stupéfiant de 81 % des Américains désapprouvent le Congrès américain, tandis que la cote de popularité de l’exécutif n’a cessé de baisser depuis que Bill Clinton a quitté ses fonctions en 2001. Si la Cour suprême est également perçue comme une simple entité politique parmi d’autres, les implications pour la République sont profondes.
Les pères fondateurs de l'Amérique avaient imaginé un gouvernement de freins et contrepoids, où aucun pouvoir ne pourrait dominer les autres. Que se passe-t-il lorsque les gens perdent confiance dans ces trois pouvoirs ? Lorsque l'exécutif est considéré comme trop zélé, le législatif comme inefficace et le judiciaire comme compromis, les fondements de la république sont en danger. Sans confiance, l'État de droit est mis à mal.
Dans une lettre adressée à Thomas Jefferson, John Adams a souligné que « le pouvoir ne doit jamais être confié à un organe indépendant ». La Cour suprême est confrontée à ce même défi. Relèvera-t-elle le défi ou poursuivra-t-elle sur une voie qui mène à une érosion supplémentaire de la confiance ?
Les réformes proposées par Biden ne sont pas une panacée, mais une première étape nécessaire pour restaurer la confiance dans les institutions. À l’inverse, les rejeter d’emblée revient à ignorer l’état périlleux de la démocratie américaine.
Thomas O. Falk est un journaliste et analyste politique qui écrit sur la politique allemande, britannique et américaine.